In memoriam Louis Joseph BUNEL, inhumé au Perray, Mort pour la France, inconnu du Monument aux Morts…

Les tombes sans pierre uniquement délimitées par une ferronnerie de volutes sont devenues rares depuis les années 1950.
Il s’en trouve encore une assez imposante dans le Cimetière du Moulin. Le médaillon dédicatoire central indique une première inhumation en 1872 et les dernières remontent au début du siècle dernier : on ne relève aucune trace d’un hommage récent. Le B ouvragé qui la surplombe évoque une gloire passée, celle des BUNEL, famille de cultivateurs et aubergistes qui, entre 1790 et 1844 a donné trois édiles à la commune du Perray (…..) et l’importance de l’emprise au sol témoigne sans doute de l’importance des translations de 1854(1) (entre 1592 et 1812 au Perray, 41 cérémonies ont marié un sieur ou une demoiselle Bunel).
Sous le médaillon central, une stèle blanche, en hommage à Louis Joseph Bunel, Mort pour la France en 1915, à Massiges. À quelques pas de là, le Monument aux Morts nous apprend que le seul Bunel (du Perray), Mort pour la France est Jacques François, petit-fils du maire de 1834 à 1844, mort en 1870(2).

Alors qui est donc Louis Joseph Bunel ?
Pour HMPY qui a publié en 2018, un livre qui retrace l’histoire des Morts pour la France du Perray(3) la recherche s’imposait : états de recensement (1911), site Mémoire des hommes, registres matricules et registres d’Etat-civil… Louis Joseph ne figure pas dans le recensement perraisien de 1911.
Né le 29 août 1894 dans un hospice de Vesoul, fils de Marie-Georgette Siblot, déclaré de père inconnu, il porte donc le nom de sa mère. Il est reconnu en 1900 et légitimé le 27 février 1902, ainsi que sa sœur Valentine née en septembre1901, par leur père, Emile Etienne Bunel qui épouse ce jour Marie-Georgette Siblot. Emile Etienne Bunel est le fils d’Etienne Bunel, serrurier, et d’Eugénie Lafosse, blanchisseuse, puis cafetière, habitant tous deux l’actuelle rue de l’Eglise. Recensé en 1891 comme garçon-boucher, on retrouve Emilie Etienne, serrurier, incorporé le 15 novembre 1894 et libéré trois ans plus tard, le 20 septembre 1897. Cette incorporation, liée à un mauvais tirage au sort(4), explique pourquoi, alors qu’elle vivait à Paris, Marie-Georgette Siblot est retournée accoucher à Vesoul. Ils se marient quelques semaines après le décès du dernier de leurs parents respectifs, Etienne Bunel, décédé le 15 janvier 1902 (les bans sont publiés rapidement après le décès, comme si ce décès était le déclencheur d’un mariage retardé pendant au moins huit ans, mais aussi quelques semaines avant le décès de la petite Valentine, le 19 mars 1902). Le serrurier de l’acte de décès devient électricien dans l’acte de mariage. Il est précisé que les mariés habitaient antérieurement au 37 rue de Saussure (Paris 17e), mais qu’au moment du mariage, Emile Bunel habitait Le Perray – probablement revenu pour aider un père affaibli – et Marie-Georgette Siblot au 75 rue de Saussure (probablement en place comme ménagère chez un marchand de vins, témoin du mariage). La fiche matricule d’Emile Etienne Bunel précise qu’à compter du 14 septembre 1906, il habite au 5 rue Géraldy à Bois Colombes.
Louis-Joseph Bunel, électricien, à peine âgé de 20 ans, vit chez ses parents au 56 rue des Carbonnets à Bois Colombes, quand il est incorporé, le 2 septembre 1914, au 11e Régiment d’Artillerie de Campagne et participe à la Bataille de la Marne, avant de passer le 15 octobre au 21e Régiment d’Infanterie Coloniale. Il participe alors à la Bataille de Champagne et il est tué à l’ennemi le 25 septembre 1915, lors de l’offensive sur la côte 191 à Massiges dans la Marne. Il recevra la Médaille Militaire et fera l’objet d’une citation individuelle à l’ordre de l’Armée, le 18 juin 1919 : « Excellent soldat. Est tombé glorieusement au Champ d’Honneur en faisant vaillamment son devoir. »
Il a été inhumé au Perray, aux côtés de sa petite soeur, de sa tante (Valentine Eugénie),de ses grands-parents (Etienne Bunel et Eugénie Lafosse) et arrière grands-parents (Jean-Baptiste Etienne Désiré Bunel et Louise Fouquet) et peut-être des corps transférés du cimetière originel – son quadrisaïeul (5), Jean-Baptiste Bunel avait été maire du Perray de 1800 à 1809. Transcrit sur le Livre d’Or de Bois-Colombes, son nom n’est gravé nulle part ailleurs puisque le Monument aux Morts de cette ville ne comporte aucun nom (près de 500 morts !).

Patrick BÉGUIN, président d’HMPY

1 En 1854, le cimetière autour de l’Eglise est transféré sur le Champtier du Moulin conformément aux exigences sanitaires.
2 Voir l’article paru dans Le Perray-Infos de Juillet 2020 (ou sur le site www.hmpy.fr Il y a 150 ans, les Prussiens au Perray.
3 1918-2018, un centenaire pour la Paix, Le Perray et la Première Guerre Mondiale (disponible à Le Perray Patrimoine et Culture).
4 La durée du service militaire et le corps d’affectation étaient à cette époque tirés au sort.
5 Arrière-arrière-arrière-grand-père.

Les tombes sans pierre uniquement délimitées par une ferronnerie de volutes sont devenues rares depuis les années 1950.
Il s’en trouve encore une assez imposante dans le Cimetière du Moulin. Le médaillon dédicatoire central indique une première inhumation en 1872 et les dernières remontent au début du siècle dernier : on ne relève aucune trace d’un hommage récent. Le B ouvragé qui la surplombe évoque une gloire passée, celle des BUNEL, famille de cultivateurs et aubergistes qui, entre 1790 et 1844 a donné trois édiles à la commune du Perray (…..) et l’importance de l’emprise au sol témoigne sans doute de l’importance des translations de 1854(1) (entre 1592 et 1812 au Perray, 41 cérémonies ont marié un sieur ou une demoiselle Bunel).
Sous le médaillon central, une stèle blanche, en hommage à Louis Joseph Bunel, Mort pour la France en 1915, à Massiges. À quelques pas de là, le Monument aux Morts nous apprend que le seul Bunel (du Perray), Mort pour la France est Jacques François, petit-fils du maire de 1834 à 1844, mort en 1870(2).

Alors qui est donc Louis Joseph Bunel ?
Pour HMPY qui a publié en 2018, un livre qui retrace l’histoire des Morts pour la France du Perray(3) la recherche s’imposait : états de recensement (1911), site Mémoire des hommes, registres matricules et registres d’Etat-civil… Louis Joseph ne figure pas dans le recensement perraisien de 1911.
Né le 29 août 1894 dans un hospice de Vesoul, fils de Marie-Georgette Siblot, déclaré de père inconnu, il porte donc le nom de sa mère. Il est reconnu en 1900 et légitimé le 27 février 1902, ainsi que sa sœur Valentine née en septembre1901, par leur père, Emile Etienne Bunel qui épouse ce jour Marie-Georgette Siblot. Emile Etienne Bunel est le fils d’Etienne Bunel, serrurier, et d’Eugénie Lafosse, blanchisseuse, puis cafetière, habitant tous deux l’actuelle rue de l’Eglise. Recensé en 1891 comme garçon-boucher, on retrouve Emilie Etienne, serrurier, incorporé le 15 novembre 1894 et libéré trois ans plus tard, le 20 septembre 1897. Cette incorporation, liée à un mauvais tirage au sort(4), explique pourquoi, alors qu’elle vivait à Paris, Marie-Georgette Siblot est retournée accoucher à Vesoul. Ils se marient quelques semaines après le décès du dernier de leurs parents respectifs, Etienne Bunel, décédé le 15 janvier 1902 (les bans sont publiés rapidement après le décès, comme si ce décès était le déclencheur d’un mariage retardé pendant au moins huit ans, mais aussi quelques semaines avant le décès de la petite Valentine, le 19 mars 1902). Le serrurier de l’acte de décès devient électricien dans l’acte de mariage. Il est précisé que les mariés habitaient antérieurement au 37 rue de Saussure (Paris 17e), mais qu’au moment du mariage, Emile Bunel habitait Le Perray – probablement revenu pour aider un père affaibli – et Marie-Georgette Siblot au 75 rue de Saussure (probablement en place comme ménagère chez un marchand de vins, témoin du mariage). La fiche matricule d’Emile Etienne Bunel précise qu’à compter du 14 septembre 1906, il habite au 5 rue Géraldy à Bois Colombes.
Louis-Joseph Bunel, électricien, à peine âgé de 20 ans, vit chez ses parents au 56 rue des Carbonnets à Bois Colombes, quand il est incorporé, le 2 septembre 1914, au 11e Régiment d’Artillerie de Campagne et participe à la Bataille de la Marne, avant de passer le 15 octobre au 21e Régiment d’Infanterie Coloniale. Il participe alors à la Bataille de Champagne et il est tué à l’ennemi le 25 septembre 1915, lors de l’offensive sur la côte 191 à Massiges dans la Marne. Il recevra la Médaille Militaire et fera l’objet d’une citation individuelle à l’ordre de l’Armée, le 18 juin 1919 : « Excellent soldat. Est tombé glorieusement au Champ d’Honneur en faisant vaillamment son devoir. »
Il a été inhumé au Perray, aux côtés de sa petite soeur, de sa tante (Valentine Eugénie),de ses grands-parents (Etienne Bunel et Eugénie Lafosse) et arrière grands-parents (Jean-Baptiste Etienne Désiré Bunel et Louise Fouquet) et peut-être des corps transférés du cimetière originel – son quadrisaïeul (5), Jean-Baptiste Bunel avait été maire du Perray de 1800 à 1809. Transcrit sur le Livre d’Or de Bois-Colombes, son nom n’est gravé nulle part ailleurs puisque le Monument aux Morts de cette ville ne comporte aucun nom (près de 500 morts !).

Patrick BÉGUIN, président d’HMPY

1 En 1854, le cimetière autour de l’Eglise est transféré sur le Champtier du Moulin conformément aux exigences sanitaires.
2 Voir l’article paru dans Le Perray-Infos de Juillet 2020 (ou sur le site www.hmpy.fr Il y a 150 ans, les Prussiens au Perray.
3 1918-2018, un centenaire pour la Paix, Le Perray et la Première Guerre Mondiale (disponible à Le Perray Patrimoine et Culture).
4 La durée du service militaire et le corps d’affectation étaient à cette époque tirés au sort.
5 Arrière-arrière-arrière-grand-père.

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