Robert L. ou la vie d’un facteur rural
Juliette donne le jour à Robert, le 4 Septembre 1925, à la ferme de La Folie, attenante au parc du Château de Maintenon où Gabriel son père est ouvrier journalier. Robert sera l’aîné d’une fratrie de 5 enfants.
Ses parents s’installent à Gazeran. Gabriel devient ouvrier aux Ponts et Chaussées de Rambouillet, Juliette est lavandière. Il fait sa scolarité primaire à l’école de Gazeran. À 12 ans, Certificat d’Études en poche, il est apprenti jardinier au château de Voisins, propriété du Comte de Fels (1) à Saint-Hilarion. Hélas, la guerre met fin à ses projets horticoles.
En 1944, il entre à la Poste, ou il effectue les tournées de Gazeran et Saint-Hilarion.
Au mois d’Octobre 1945, au terme de son engagement volontaire dans la Première Armée (2), il épouse Paulette, une jeune fille de Saint-Hilarion. Le couple vient habiter à Rambouillet rue d’Angiviller, où Paulette donnera naissance à Jean-Robert.
En 1947, la petite famille s’installe au Perray, 5 Avenue de la Gare, au 2ème étage de la maison de Madame Le Tellier, veuve du notaire (cabinet du Dr Molko). Là naîtront respectivement Philippe et Luc.
Robert est affecté à la tournée rurale n°3 des Bréviaires, dépendante de la poste du Perray, située depuis 1910 au rez-de-chaussée de l’immeuble Leconte du 86 rue de Paris (actuelle Pharmacie Saint-Eloi).
Dès 1950, un logement plus grand les accueille au 49 rue de Paris, en double communication avec la rue du Moulin (rue de l’Église, sente entre le presbytère et la Maison des projets). Bernadette, fille tant attendue par la maisonnée se joindra aux garçons en 1955.
Comme pour la majorité des foyers modestes, dans cette période de transition entre la fin de la Guerre et les Trente glorieuses, l’élevage d’animaux de bassecour et la culture d’un grand jardin, constituent la base du régime alimentaire. On vit chichement, mais on mange à sa faim. Avec les pommes ramassées début novembre, on élabore le cidre pour l’année. La vie n’est pas facile, le logement est dépourvu d’eau courante, toute la famille contribue à la corvée. Le robinet de puisage est situé à cinquante mètres de l’habitation et les seaux sont adaptés à la morphologie de chacun…
Puis vient en 1965 la construction tant attendue du pavillon 3 rue des Vergers.
La tournée des Bréviaires est effectuée à vélo, remplacé par la ‘’mobylette ‘’ en 1955.
Enfin la 2 CV grise, verte, puis jaune des Postes arrive en 1962.
L’itinéraire emprunté est le suivant : rue de Houdan, le Roseau, la Touche, les Fourneaux, La Herse, La Mare-neuve (Le Perray), La Croix Rouge, la Cour aux chemins, La Mairie, Le Matz, La Rue Neuve, La Mare, L’Etang de Hollande, Les Petites Yvelines, la Grange du Bois, Corbet et la Canarderie (Les Bréviaires), le Château de Saint-Hubert et la Méroterie, pour se terminer à la maison du garde de l’étang de Saint-Hubert (actuel SMAGER). Soit 65km par jour, ce qui représente 4 tours de France par an – le samedi est ouvré !
En plus de la distribution de courrier et des colis – certains jours, une vingtaine de kilos de charge, Robert sous l’impulsion du Dr Marest effectuera des injections intramusculaires sur bon nombre de Bruyérois3, qui le surnommeront familièrement le ‘’facteur-piqueur’’.
Parallèlement, le facteur entre dans la vie citoyenne du Perray : Instrumentiste dès 1949, administrateur de la Société Musicale de 1952 à 1963, conseiller municipal et membre du Comité des Fêtes de 1959 à 1965, membre de l’Amicale des Écoles de 1952 à 1961, il anime avec son « lapinodrome » (4) les traditionnelles kermesses de la fête des Mères. Son réputé pâté de lapin, arrosé de cidre bouché, servi au petit matin, après les bals mémorables du 14 juillet, reste encore en mémoire d’un témoin, participant actif des festivités locales.
Accablé de chagrin suite au décès soudain de Paulette en Juillet 1970, il se retirera progressivement de la vie locale. Suite au transfert de la Poste rue de l’Église, il sera promu Facteur-Chef en 1974. À son départ en retraite, il s’installera à Épernon.
Atteint par la maladie, il s’éteindra le 14 Janvier 2006, à l’hôpital de Rambouillet.
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1 Banquier, diplomate et Comte romain, connu pour son goût des « jardins à la Française », ses réceptions internationales de chasse et de pêche pendant les Années folles et l’aide précieuse apportée à l’Hôpital de Rambouillet.
2 Ensemble des unités commandées par le Général de Lattre de Tassigny, qui, en 1944-1945, sont chargées de libérer le territoire français. Surnommée Rhin et Danube, c’est la composante essentielle de l’Armée française de Libération.
3 Habitants des Bréviaires, dont le nom définitif à partir du XIIIe siècle renvoie étymologiquement aux bruyères de la forêt.
4 Dans une arène à 8 portes, le jeu consiste à attirer un lapin vers sa porte numérotée pour gagner un lot (voire le lapin).
Juliette donne le jour à Robert, le 4 Septembre 1925, à la ferme de La Folie, attenante au parc du Château de Maintenon où Gabriel son père est ouvrier journalier. Robert sera l’aîné d’une fratrie de 5 enfants.
Ses parents s’installent à Gazeran. Gabriel devient ouvrier aux Ponts et Chaussées de Rambouillet, Juliette est lavandière. Il fait sa scolarité primaire à l’école de Gazeran. À 12 ans, Certificat d’Études en poche, il est apprenti jardinier au château de Voisins, propriété du Comte de Fels (1) à Saint-Hilarion. Hélas, la guerre met fin à ses projets horticoles.
En 1944, il entre à la Poste, ou il effectue les tournées de Gazeran et Saint-Hilarion.
Au mois d’Octobre 1945, au terme de son engagement volontaire dans la Première Armée (2), il épouse Paulette, une jeune fille de Saint-Hilarion. Le couple vient habiter à Rambouillet rue d’Angiviller, où Paulette donnera naissance à Jean-Robert.
En 1947, la petite famille s’installe au Perray, 5 Avenue de la Gare, au 2ème étage de la maison de Madame Le Tellier, veuve du notaire (cabinet du Dr Molko). Là naîtront respectivement Philippe et Luc.
Robert est affecté à la tournée rurale n°3 des Bréviaires, dépendante de la poste du Perray, située depuis 1910 au rez-de-chaussée de l’immeuble Leconte du 86 rue de Paris (actuelle Pharmacie Saint-Eloi).
Dès 1950, un logement plus grand les accueille au 49 rue de Paris, en double communication avec la rue du Moulin (rue de l’Église, sente entre le presbytère et la Maison des projets). Bernadette, fille tant attendue par la maisonnée se joindra aux garçons en 1955.
Comme pour la majorité des foyers modestes, dans cette période de transition entre la fin de la Guerre et les Trente glorieuses, l’élevage d’animaux de bassecour et la culture d’un grand jardin, constituent la base du régime alimentaire. On vit chichement, mais on mange à sa faim. Avec les pommes ramassées début novembre, on élabore le cidre pour l’année. La vie n’est pas facile, le logement est dépourvu d’eau courante, toute la famille contribue à la corvée. Le robinet de puisage est situé à cinquante mètres de l’habitation et les seaux sont adaptés à la morphologie de chacun…
Puis vient en 1965 la construction tant attendue du pavillon 3 rue des Vergers.
La tournée des Bréviaires est effectuée à vélo, remplacé par la ‘’mobylette ‘’ en 1955.
Enfin la 2 CV grise, verte, puis jaune des Postes arrive en 1962.
L’itinéraire emprunté est le suivant : rue de Houdan, le Roseau, la Touche, les Fourneaux, La Herse, La Mare-neuve (Le Perray), La Croix Rouge, la Cour aux chemins, La Mairie, Le Matz, La Rue Neuve, La Mare, L’Etang de Hollande, Les Petites Yvelines, la Grange du Bois, Corbet et la Canarderie (Les Bréviaires), le Château de Saint-Hubert et la Méroterie, pour se terminer à la maison du garde de l’étang de Saint-Hubert (actuel SMAGER). Soit 65km par jour, ce qui représente 4 tours de France par an – le samedi est ouvré !
En plus de la distribution de courrier et des colis – certains jours, une vingtaine de kilos de charge, Robert sous l’impulsion du Dr Marest effectuera des injections intramusculaires sur bon nombre de Bruyérois3, qui le surnommeront familièrement le ‘’facteur-piqueur’’.
Parallèlement, le facteur entre dans la vie citoyenne du Perray : Instrumentiste dès 1949, administrateur de la Société Musicale de 1952 à 1963, conseiller municipal et membre du Comité des Fêtes de 1959 à 1965, membre de l’Amicale des Écoles de 1952 à 1961, il anime avec son « lapinodrome » (4) les traditionnelles kermesses de la fête des Mères. Son réputé pâté de lapin, arrosé de cidre bouché, servi au petit matin, après les bals mémorables du 14 juillet, reste encore en mémoire d’un témoin, participant actif des festivités locales.
Accablé de chagrin suite au décès soudain de Paulette en Juillet 1970, il se retirera progressivement de la vie locale. Suite au transfert de la Poste rue de l’Église, il sera promu Facteur-Chef en 1974. À son départ en retraite, il s’installera à Épernon.
Atteint par la maladie, il s’éteindra le 14 Janvier 2006, à l’hôpital de Rambouillet.
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1 Banquier, diplomate et Comte romain, connu pour son goût des « jardins à la Française », ses réceptions internationales de chasse et de pêche pendant les Années folles et l’aide précieuse apportée à l’Hôpital de Rambouillet.
2 Ensemble des unités commandées par le Général de Lattre de Tassigny, qui, en 1944-1945, sont chargées de libérer le territoire français. Surnommée Rhin et Danube, c’est la composante essentielle de l’Armée française de Libération.
3 Habitants des Bréviaires, dont le nom définitif à partir du XIIIe siècle renvoie étymologiquement aux bruyères de la forêt.
4 Dans une arène à 8 portes, le jeu consiste à attirer un lapin vers sa porte numérotée pour gagner un lot (voire le lapin).