Il y a 150 ans, l’armée prussienne occupait Le Perray…
Que sait-on aujourd’hui de la Guerre de 1870 ?
U ne guerre franco-allemande, la capitulation de Sedan, la fin du Second Empire, la IIIe République, la Commune de Paris, les Allemands à Versailles, la perte de l’Alsace-Lorraine et le désir de revanche qui conduira à celle de 14-18, … Question au programme des classes de 4ème, souvent rapidement traitée en raison de l’ampleur du programme, cette guerre est surtout envisagée comme point de départ de la IIIe République et elle est schématiquement abordée en 3ème, lors de la présentation de l’Europe en 1914.
Si personne ne vous en a parlé, il y a peu de chances que vous sachiez que les Prussiens ont occupé notre commune de fin septembre 1870 à mi-février 1871 et que la guerre descendit même jusqu’à Orléans. La dernière bataille qui se livre à Loigny1, à côté d’Arthenay, au cœur de la Beauce, le 2 décembre 1870, dans une température glaciale de – 20°C, décide du sort de la guerre. Les divisions prussiennes et bavaroises mettent un terme aux espoirs de l’Armée de la Loire, essentiellement composées de moblots2 et de volontaires – dont une dizaine de Perrotins – de rejoindre Paris pour la délivrer et entamer la contre-attaque républicaine destinée à laver l’affront subi par Napoléon III. Une seule journée de bataille qui fait 9 000 morts3.
Cette guerre fut le moyen choisi par le Ministre-président4 prussien, Otto von Bismarck pour achever l’Unité allemande, lavant, par la même occasion, l’affront infligé plus d’un demi-siècle auparavant à Iéna (1806) par Napoléon Ier qui avait alors amputé la Prusse de la moitié de son territoire. Il s’y prend si bien que c’est la France, malgré la désorganisation de son armée, depuis l’échec de l’expédition au Mexique (1867)5, qui déclare la guerre le 19 juillet 1870, provoquant, de fait, l’union des états allemands. Le 18 janvier 1871, dans la Galerie des Glaces, à Versailles, naît l’Empire d’Allemagne.
Napoléon était entré dans Berlin le 27 octobre 1806. Alors, les armées prussiennes et leurs alliés entament le 20 septembre 1870 le siège de Paris qui durera quatre mois. Le 28 septembre, la 15ème brigade de la 6ème Division dépêche 4 escadrons de hussards du Schleswig-Holstein, 2 au Perray, 2 à Rambouillet. Les Allemands occupent Versailles et Von Brauschitch prend la place du Préfet, Edouard Charton.
Ordre est donné aux maires d’héberger et nourrir les troupes d’occupation, hommes et chevaux. Cinq mois difficiles qui coûteront cher à la Commune du Perray, tant en paille et avoine, qu’en viande, vin et cigares : 7 783 F – à comparer avec les 57 000 F pour construire l’école-mairie en 1884. Les francs-tireurs et quelques moblots mènent des actes de guérilla et exaspèrent l’Occupant qui se livre à des exactions.
Suite à une embuscade, le 2 octobre, Gabriel Alexis Jouanne, maire de Saint-Léger, est convoqué en mairie du Perray par le colonel allemand et passé à tabac à titre de représailles. Un moblot est fusillé et deux otages massacrés. Le maire par intérim du Perray, Charles Germain Bourgeois, ancien maire du Perray et de Rambouillet, notable octogénaire et respecté, met à disposition les écuries du Grand Amiral et temporise : un cuirassé est blessé par balle, mais pas de représailles…
1 Voir le musée de Loigny-la-Bataille (28), ouvert en 2017.
2 Les Moblots sont les mobilisés au sein de la Garde Nationale Mobile créée en 1868, réserve auxiliaire de l’armée : mal formés, ils constituent pourtant l’essentiel des troupes de la République – la défaite ayant entraîné la neutralisation des armées – et continuent, souvent héroïquement, la guerre pendant près de six mois.
3 On évoque, à juste titre, les pertes colossales de la Première Guerre Mondiale et on ignore souvent que le bilan, par jour de guerre, est déjà terrible en 1870, bien supérieur à celui des guerres précédentes (730 morts français en 1870-1871, contre 850 en 1914-1918).
4 Équivalent prussien de notre Premier Ministre.
5 Indépendant depuis 1821, le Mexique ne trouve pas sa stabilité politique ; profitant de la Guerre de Sécession, Napoléon III envisage d’y créer un empire qui freinerait l’essor des États-Unis et installe sur le trône Maximilien d’Autriche. Les Républicains mexicains, soutenus par les États-Unis, mènent une guérilla fatale aux Français qui abandonnent l’Empereur, destitué puis fusillé. Sur les 40 000 soldats français engagés, 7 000 sont morts.
La Guerre et ses conditions sanitaires ont tué deux soldats du Perray, de deux familles « historiques » :
Joseph Marie FOUQUET, né le 20 mars 1843 au Perray, hameau de la Touche, journalier, fils de cultivateurs, troisième né d’une fratrie de 10 enfants, conscrit tiré au sort en 1864 (pour 7 ans), soldat du 20e Régiment d’Infanterie de Ligne, fait prisonnier après Sedan, meurt de la variole, à l’ambulance de Magdebourg (Allemagne), le 24 septembre 1870, d’où une transcription tardive à l’état civil (6 janvier 1873). Jacques François BUNEL, né le 22 novembre 1848 au Perray, Grand rue, près du Pont-Marquant, fils aîné d’une famille de cultivateurs, petit-fils de Jacques Bunel, maire de 1834 à 1844, moblot par tirage au sort en 1869, mobilisé le 7 septembre, participe à la défense de Paris et, hospitalisé à l’ambulance du 68 rue Raynouard, y décède le 11 novembre 1870 de la typhoïde.
Hommage leur sera rendu en 1920, lors de la construction du Monument aux Morts : leurs noms sont gravés sur le piédestal du coq.
Après 75 ans de guerre, nous fêtons cette année les 75 ans de paix et les 70 ans de
la construction européenne. Respectons le devoir de mémoire, mais réjouissons-nous de l’amitié franco-allemande et célébrons les 26 ans du jumelage avec nos amis de Bellheim !
U ne guerre franco-allemande, la capitulation de Sedan, la fin du Second Empire, la IIIe République, la Commune de Paris, les Allemands à Versailles, la perte de l’Alsace-Lorraine et le désir de revanche qui conduira à celle de 14-18, … Question au programme des classes de 4ème, souvent rapidement traitée en raison de l’ampleur du programme, cette guerre est surtout envisagée comme point de départ de la IIIe République et elle est schématiquement abordée en 3ème, lors de la présentation de l’Europe en 1914.
Si personne ne vous en a parlé, il y a peu de chances que vous sachiez que les Prussiens ont occupé notre commune de fin septembre 1870 à mi-février 1871 et que la guerre descendit même jusqu’à Orléans. La dernière bataille qui se livre à Loigny1, à côté d’Arthenay, au cœur de la Beauce, le 2 décembre 1870, dans une température glaciale de – 20°C, décide du sort de la guerre. Les divisions prussiennes et bavaroises mettent un terme aux espoirs de l’Armée de la Loire, essentiellement composées de moblots2 et de volontaires – dont une dizaine de Perrotins – de rejoindre Paris pour la délivrer et entamer la contre-attaque républicaine destinée à laver l’affront subi par Napoléon III. Une seule journée de bataille qui fait 9 000 morts3.
Cette guerre fut le moyen choisi par le Ministre-président4 prussien, Otto von Bismarck pour achever l’Unité allemande, lavant, par la même occasion, l’affront infligé plus d’un demi-siècle auparavant à Iéna (1806) par Napoléon Ier qui avait alors amputé la Prusse de la moitié de son territoire. Il s’y prend si bien que c’est la France, malgré la désorganisation de son armée, depuis l’échec de l’expédition au Mexique (1867)5, qui déclare la guerre le 19 juillet 1870, provoquant, de fait, l’union des états allemands. Le 18 janvier 1871, dans la Galerie des Glaces, à Versailles, naît l’Empire d’Allemagne.
Napoléon était entré dans Berlin le 27 octobre 1806. Alors, les armées prussiennes et leurs alliés entament le 20 septembre 1870 le siège de Paris qui durera quatre mois. Le 28 septembre, la 15ème brigade de la 6ème Division dépêche 4 escadrons de hussards du Schleswig-Holstein, 2 au Perray, 2 à Rambouillet. Les Allemands occupent Versailles et Von Brauschitch prend la place du Préfet, Edouard Charton.
Ordre est donné aux maires d’héberger et nourrir les troupes d’occupation, hommes et chevaux. Cinq mois difficiles qui coûteront cher à la Commune du Perray, tant en paille et avoine, qu’en viande, vin et cigares : 7 783 F – à comparer avec les 57 000 F pour construire l’école-mairie en 1884. Les francs-tireurs et quelques moblots mènent des actes de guérilla et exaspèrent l’Occupant qui se livre à des exactions.
Suite à une embuscade, le 2 octobre, Gabriel Alexis Jouanne, maire de Saint-Léger, est convoqué en mairie du Perray par le colonel allemand et passé à tabac à titre de représailles. Un moblot est fusillé et deux otages massacrés. Le maire par intérim du Perray, Charles Germain Bourgeois, ancien maire du Perray et de Rambouillet, notable octogénaire et respecté, met à disposition les écuries du Grand Amiral et temporise : un cuirassé est blessé par balle, mais pas de représailles…
1 Voir le musée de Loigny-la-Bataille (28), ouvert en 2017.
2 Les Moblots sont les mobilisés au sein de la Garde Nationale Mobile créée en 1868, réserve auxiliaire de l’armée : mal formés, ils constituent pourtant l’essentiel des troupes de la République – la défaite ayant entraîné la neutralisation des armées – et continuent, souvent héroïquement, la guerre pendant près de six mois.
3 On évoque, à juste titre, les pertes colossales de la Première Guerre Mondiale et on ignore souvent que le bilan, par jour de guerre, est déjà terrible en 1870, bien supérieur à celui des guerres précédentes (730 morts français en 1870-1871, contre 850 en 1914-1918).
4 Équivalent prussien de notre Premier Ministre.
5 Indépendant depuis 1821, le Mexique ne trouve pas sa stabilité politique ; profitant de la Guerre de Sécession, Napoléon III envisage d’y créer un empire qui freinerait l’essor des États-Unis et installe sur le trône Maximilien d’Autriche. Les Républicains mexicains, soutenus par les États-Unis, mènent une guérilla fatale aux Français qui abandonnent l’Empereur, destitué puis fusillé. Sur les 40 000 soldats français engagés, 7 000 sont morts.
La Guerre et ses conditions sanitaires ont tué deux soldats du Perray, de deux familles « historiques » :
Joseph Marie FOUQUET, né le 20 mars 1843 au Perray, hameau de la Touche, journalier, fils de cultivateurs, troisième né d’une fratrie de 10 enfants, conscrit tiré au sort en 1864 (pour 7 ans), soldat du 20e Régiment d’Infanterie de Ligne, fait prisonnier après Sedan, meurt de la variole, à l’ambulance de Magdebourg (Allemagne), le 24 septembre 1870, d’où une transcription tardive à l’état civil (6 janvier 1873). Jacques François BUNEL, né le 22 novembre 1848 au Perray, Grand rue, près du Pont-Marquant, fils aîné d’une famille de cultivateurs, petit-fils de Jacques Bunel, maire de 1834 à 1844, moblot par tirage au sort en 1869, mobilisé le 7 septembre, participe à la défense de Paris et, hospitalisé à l’ambulance du 68 rue Raynouard, y décède le 11 novembre 1870 de la typhoïde.
Hommage leur sera rendu en 1920, lors de la construction du Monument aux Morts : leurs noms sont gravés sur le piédestal du coq.
Après 75 ans de guerre, nous fêtons cette année les 75 ans de paix et les 70 ans de
la construction européenne. Respectons le devoir de mémoire, mais réjouissons-nous de l’amitié franco-allemande et célébrons les 26 ans du jumelage avec nos amis de Bellheim !