Il fallait un titre accrocheur

Nous sommes le 7 septembre. Le Général SONNOIS, commandant le 4e Corps d’armée français, descendant du train à la gare du Perray1, se présente subitement aux soldats sur la place du village à 7h du matin. Quatre régiments de la 8e division quittent la vallée de Chevreuse pour venir prendre leurs positions respectives de combat. Il faisait très chaud la veille quand ils sont arrivés sur le plateau qui s’étend depuis cette vallée jusqu’à la forêt de Rambouillet, et la manœuvre s’en est forcément ressentie, car il importait, avant tout, de ménager la santé des soldats. Aussi la manœuvre a-t-elle été écourtée. Le Perray est défendu par les 124e et 130e régiments. Le 115e, à l’aile droite, le 117e à l’aile gauche, simulent une attaque, avec méthode et sans précipitation. C’est de la manœuvre sans bruit, celle qui est la meilleure comme préparation et comme instruction. Le 115e cantonne au Perray et le 117e aux Essarts-le-Roi. Le 130e traverse cette localité, à 1h30, pour se diriger vers le nord-est de Maintenon. A ce moment, les rayons du soleil sont brûlants sur cette grande plaine sans abri, et tous les hommes doivent se préserver contre les insolations par le couvre-nuque. Demain, les deux mêmes brigades évolueront du côté d’Epernon et de Dreux.
Il a été décidé qu’il ne serait pas donné à l’avance d’indications sur les thèmes des manœuvres d’armée. Ceux-ci seront communiqués aux troupes au jour le jour, ce qui permettra de tenir compte, dans une certaine mesure, des circonstances, et de mieux se rapprocher des conditions de la guerre. Malgré toutes les précautions prises, il y a ce matin, une quinzaine de malades au moins par régiment d’infanterie, rien qu’après la toute petite marche du 5 et la petite opération du 6 septembre.

« Nous sommes intimement convaincus que les chefs de tous grades surveillent avec le plus vif intérêt la stricte observation des mesures hygiéniques prescrites par les règlements », mais il importe pour eux de redoubler de vigilance. Les nuits sont extrêmement fraîches et les journées extrêmement chaudes. Pour éviter les inconvénients de cette température élevée, on part de bonne heure, et l’on diminue les heures de sommeil. Heureusement, les premières journées de marche et de manœuvre ont été courtes, et l’étude de l’ensemble du programme montre qu’elles seront réduites, dans la suite, à leur minimum. Les compagnies sont parties de Paris à l’effectif moyen de 120 hommes, porté à 180 hommes par l’incorporation des réservistes qui leur viennent de Dreux, Chartres, Alençon et Argentan. « Nous avons lu dans un journal une critique contre l’insuffisance de cet effectif, sous prétexte qu’il ne représente pas tout à fait les quatre-cinquièmes de celui que la mobilisation donnerait. Ah ! Comme on a raison de les faire passer en province tous les deux ans ». Mais revenons à la manœuvre d’aujourd’hui. Voici quel en était le thème : « Un corps d’armée ennemi est signalé vers Saint-Léger-en-Yvelines. La 16e brigade d’infanterie, avec deux escadrons de cavalerie, cantonnés à Limours et à Boullay-les-Troux, reçoit l’ordre de se porter le 7 septembre sur le village du Perray pour refouler, le cas échéant, sur Saint-Léger en-Yvelines, le détachement signalé et de prendre ses dispositions pour interdire à l’ennemi le débouché de la forêt de Rambouillet. » Ajoutons que le détachement ennemi était la 15e brigade d’infanterie, également appuyée par deux escadrons du 17e régiment de chasseurs, en garnison à Rambouillet.

Le 124e cantonnait, hier soir, à Dampierre, et le 130e à Chevreuse. Ces deux régiments, qui composent la 15e brigade et qui ont couvert leur képi du manchon blanc, se sont mis en marche l’un vers 4h et l’autre vers 6h ce matin. (Photos de la BNF)

Mais avez-vous trouvé la raison de ces manœuvres militaires sur notre commune ? Et quand ? Est-ce la COVID la raison ? Est-ce pour une date prochaine de septembre ? Rassurez-vous : tout cela a déjà bien eu lieu !

Ah ! J’ai oublié de vous dire : c’était il y a presque 121 ans, en 1900 ! Il s’agissait de grandes manœuvres militaires officielles effectuées en temps de paix, pratiquées par toute l’armée française avec les quatre corps d’armée, pendant environ un mois, donnant l’occasion pour les commandants des grosses unités d’effectuer le dernier terme de la préparation à la guerre ; où tous les acteurs appelés à tenir un rôle le jour où, l’on jouera le drame pour de bon. Pour des raisons budgétaires, ces grandes manœuvres étaient pratiquées à l’époque tous les quatre ou cinq ans (En 1891 avaient lieu les manœuvres de Champagne, et 1895 celles des Vosges). Le journaliste de l’époque écrit : « Les premières montrèrent à l’Europe, vingt ans après les douloureuses catastrophes de 1870, une armée française nouvelle, supérieurement équipées et armée, en pleine possession de toutes les vertus militaires, de toutes les ressources morales et matérielles qu’exigeront les luttes de l’avenir ».
Ces grandes manœuvres d’armée de 1900 se sont terminées solennellement le 20 septembre, par la revue d’Amilly (9 km à l’ouest de Chartres), où les troupes ont été présentées de façon traditionnelle à Monsieur Président de la République par le Général BRUYERE, Vice-Président du Conseil Supérieur de la Guerre, qui prit la tête des troupes pour les faire défiler, et en présence d’officiers étrangers.

1 la dénomination Le Perray-en-Yvelines date de 1948, mais la gare est restée celle du Perray.

Nous sommes le 7 septembre. Le Général SONNOIS, commandant le 4e Corps d’armée français, descendant du train à la gare du Perray1, se présente subitement aux soldats sur la place du village à 7h du matin. Quatre régiments de la 8e division quittent la vallée de Chevreuse pour venir prendre leurs positions respectives de combat. Il faisait très chaud la veille quand ils sont arrivés sur le plateau qui s’étend depuis cette vallée jusqu’à la forêt de Rambouillet, et la manœuvre s’en est forcément ressentie, car il importait, avant tout, de ménager la santé des soldats. Aussi la manœuvre a-t-elle été écourtée. Le Perray est défendu par les 124e et 130e régiments. Le 115e, à l’aile droite, le 117e à l’aile gauche, simulent une attaque, avec méthode et sans précipitation. C’est de la manœuvre sans bruit, celle qui est la meilleure comme préparation et comme instruction. Le 115e cantonne au Perray et le 117e aux Essarts-le-Roi. Le 130e traverse cette localité, à 1h30, pour se diriger vers le nord-est de Maintenon. A ce moment, les rayons du soleil sont brûlants sur cette grande plaine sans abri, et tous les hommes doivent se préserver contre les insolations par le couvre-nuque. Demain, les deux mêmes brigades évolueront du côté d’Epernon et de Dreux.
Il a été décidé qu’il ne serait pas donné à l’avance d’indications sur les thèmes des manœuvres d’armée. Ceux-ci seront communiqués aux troupes au jour le jour, ce qui permettra de tenir compte, dans une certaine mesure, des circonstances, et de mieux se rapprocher des conditions de la guerre. Malgré toutes les précautions prises, il y a ce matin, une quinzaine de malades au moins par régiment d’infanterie, rien qu’après la toute petite marche du 5 et la petite opération du 6 septembre.

« Nous sommes intimement convaincus que les chefs de tous grades surveillent avec le plus vif intérêt la stricte observation des mesures hygiéniques prescrites par les règlements », mais il importe pour eux de redoubler de vigilance. Les nuits sont extrêmement fraîches et les journées extrêmement chaudes. Pour éviter les inconvénients de cette température élevée, on part de bonne heure, et l’on diminue les heures de sommeil. Heureusement, les premières journées de marche et de manœuvre ont été courtes, et l’étude de l’ensemble du programme montre qu’elles seront réduites, dans la suite, à leur minimum. Les compagnies sont parties de Paris à l’effectif moyen de 120 hommes, porté à 180 hommes par l’incorporation des réservistes qui leur viennent de Dreux, Chartres, Alençon et Argentan. « Nous avons lu dans un journal une critique contre l’insuffisance de cet effectif, sous prétexte qu’il ne représente pas tout à fait les quatre-cinquièmes de celui que la mobilisation donnerait. Ah ! Comme on a raison de les faire passer en province tous les deux ans ». Mais revenons à la manœuvre d’aujourd’hui. Voici quel en était le thème : « Un corps d’armée ennemi est signalé vers Saint-Léger-en-Yvelines. La 16e brigade d’infanterie, avec deux escadrons de cavalerie, cantonnés à Limours et à Boullay-les-Troux, reçoit l’ordre de se porter le 7 septembre sur le village du Perray pour refouler, le cas échéant, sur Saint-Léger en-Yvelines, le détachement signalé et de prendre ses dispositions pour interdire à l’ennemi le débouché de la forêt de Rambouillet. » Ajoutons que le détachement ennemi était la 15e brigade d’infanterie, également appuyée par deux escadrons du 17e régiment de chasseurs, en garnison à Rambouillet.

Le 124e cantonnait, hier soir, à Dampierre, et le 130e à Chevreuse. Ces deux régiments, qui composent la 15e brigade et qui ont couvert leur képi du manchon blanc, se sont mis en marche l’un vers 4h et l’autre vers 6h ce matin. (Photos de la BNF)

Mais avez-vous trouvé la raison de ces manœuvres militaires sur notre commune ? Et quand ? Est-ce la COVID la raison ? Est-ce pour une date prochaine de septembre ? Rassurez-vous : tout cela a déjà bien eu lieu !

Ah ! J’ai oublié de vous dire : c’était il y a presque 121 ans, en 1900 ! Il s’agissait de grandes manœuvres militaires officielles effectuées en temps de paix, pratiquées par toute l’armée française avec les quatre corps d’armée, pendant environ un mois, donnant l’occasion pour les commandants des grosses unités d’effectuer le dernier terme de la préparation à la guerre ; où tous les acteurs appelés à tenir un rôle le jour où, l’on jouera le drame pour de bon. Pour des raisons budgétaires, ces grandes manœuvres étaient pratiquées à l’époque tous les quatre ou cinq ans (En 1891 avaient lieu les manœuvres de Champagne, et 1895 celles des Vosges). Le journaliste de l’époque écrit : « Les premières montrèrent à l’Europe, vingt ans après les douloureuses catastrophes de 1870, une armée française nouvelle, supérieurement équipées et armée, en pleine possession de toutes les vertus militaires, de toutes les ressources morales et matérielles qu’exigeront les luttes de l’avenir ».
Ces grandes manœuvres d’armée de 1900 se sont terminées solennellement le 20 septembre, par la revue d’Amilly (9 km à l’ouest de Chartres), où les troupes ont été présentées de façon traditionnelle à Monsieur Président de la République par le Général BRUYERE, Vice-Président du Conseil Supérieur de la Guerre, qui prit la tête des troupes pour les faire défiler, et en présence d’officiers étrangers.

1 la dénomination Le Perray-en-Yvelines date de 1948, mais la gare est restée celle du Perray.

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